Ils ont dit : «nous sommes à Münich en 1938» . D’autres nous racontent que pour empêcher la guerre il faut faire la guerre. Les mêmes nous disaient, il y a 2 ans, qu’on allait aller jusqu’au Kremlin en quinze jours et que ce n’était pas la peine de rechercher une solution diplomatique , alors même qu’à ce moment là la Russie était en position de faiblesse avec l’efficacité des sanctions économiques, l’unité exemplaire de l’Europe et l’héroïsme ukrainien.
L’instrumentalisation de la lâcheté et de l’esprit münichois a toujours été le ressort de la propagande des va t’en guerre et des industries de l’armement. Et des fanatismes guerriers. Comme le rappelle l’analyse de Maxime Tandonnet : le général de Gaulle traité de münichois au moment de l’indépendance algérienne ; Mendès France traité de münichois au moment de l’indépendance de l’Indochine C’est aussi cet argument qui a conduit à l’effroyable guerre au Vietnam. Rappelons-nous aussi comment Jacques Chirac a été traité de münichois quand il refuse de s’associer aux désastreuses frappes sur l’Irak basées sur un mensonge et créant le chaos au Moyen-Orient, les centaines de milliers de morts et provoquant la création de Daesh. Il fallait bien plus de courage pour dire non malgré les insultes, et de la lâcheté pour coller au troupeau conformiste des va-t’en-guerre. ( comme il avait fallu beaucoup plus de courage à Jean Jaurès et ses amis pour dire Non à l’abominable guerre de 14) Nous n’aurions pas eu, avec F Mitterrand ou Jacques Chirac l’action guerrière lamentable sur la Lybie, l’assassinat de Khadafi avec ses conséquences humanitaires et géo stratégiques désastreuses sur le continent africain. Aujourd’hui c’est sûr, ils agiraient et auraient agi pour rechercher une solution en faisant de la France une puissance médiatrice contre l’envahisseur russe.
Tous ceux qui, en France, ont soutenu ces interventions en Irak et en Lybie, devraient aujourd’hui se tairent et s’abstenir d’utiliser « l’esprit de Münich» pour s’opposer à toute initiative diplomatique ( qui n’est pas incompatible avec le soutien sans faille à l’Ukraine, au contraire, c’est une condition de sa réussite ) recherchant une paix juste et durable, qui grandirait l’Europe aux yeux du monde, effrayé par l’impact de ce conflit, et qui mettrait fin au martyr du peuple ukrainien, dont les morts, les souffrances, les mutilations, les désespoirs sont complètement invisibilisés.
On nous dit que c’est impossible ? Mais souvenons nous de Nelson Mandela : ils l’ont fait parce qu’ils ne savaient pas que c’était impossible.
Via Ségolène Royal https://twitter.com/RoyalSegolene/status/1767472312452894940?t=yqHmKix0OcZPOHnHqH7JCw&s=19